

L'avis de ProDiPresse
06/04/2022
Dans son journal télévisé du dimanche 3 avril, la chaîne RTL TVI est revenue sur l'interpellation d'un téléspectateur à propos du sujet suivant : son libraire-presse lui demande un supplément en cas de paiement par voie électronique alors que cette pratique interdite depuis 2018. Prodipresse souhaite en profiter afin de revenir le véritable problème de fond derrière ce sujet, le fait que l’État essaie de transférer ses propres responsabilités en matière de circulation des espèces sur les commerçants.
Mettons-nous d’accord tout de suite : oui, faire faire payer le coût des transactions électroniques aux clients qui achètent des produits à faible marge ou pour un petit montant est illégal aux yeux de la loi.
Cette interdiction soulève cependant un problème pour les commerçants indépendants qui se retrouvent parfois à vendre à perte. Attendez, mais vendre à perte est également interdit non ? Eh bien oui, mais le coût d’une transaction électronique n’intervient pas dans la notion d’une vente à perte puisque c’est un "service" proposé aux clients. La vente à perte, c’est uniquement quand vous vendez en-dessous de votre prix d’achat (plus d’infos via ce lien).
Ce qui est d’autant plus délicat, c’est quand l’État rend obligatoire le fait d’avoir un système de paiement électronique pour tous les commerçants dès le 1er juillet 2022.
Via ce procédé, l’État, à qui revient le coût sociétal de l’argent liquide et de rendre disponible l’argent en espèces (pièces et billets en euro), transfère ses responsabilités vers un système électronique et fait supporter cette charge aux plus petits commerçants. Et c’est là que cela pose un problème !
En effet, pour les libraires-presse, il n’est pas possible de négocier les tarifs de ces systèmes de paiement vers le bas (comme le fait la grande distribution) et nous ne pouvons pas non plus augmenter les prix imposés de plus de 80% des produits vendus comme le tabac, la presse ou les jeux de la Loterie Nationale pour couvrir cette charge.
Notre réseau doit donc bel et bien payer le surcoût généré par l’utilisation d’un terminal de paiements électroniques. Après une étude auprès du réseau, un coût moyen a été calculé et est estimé à 0,13 € par transaction (assistances, abonnement, etc.), sans compter l'achat ou la location du terminal.
En mars de cette année, l’UCM soulevait le même problème et indiquait souhaiter une réduction des coûts et obligations administratives. « Un effort est attendu de la part de tous les acteurs de la chaîne de paiements pour davantage de transparence et une diminution des coûts des paiements électroniques. Le gouvernement se doit aussi de prévoir un soutien financier adéquat pour la location et l’achat de terminaux. Une déduction fiscale serait la bienvenue. »
Certes, il sera toujours possible pour un libraire-presse de refuser les transactions électroniques en-dessous d’un certain montant, tant que cela est clairement indiqué. Mais quand on voit que les banques ne se privent pas pour faire payer les frais de retraits d’argent dans des distributeurs ou encore le dépôt de cash, on se dit qu’il y a là, une fois encore, deux poids, deux mesures…