

Zoom libraire
14/06/2018
La façade de la Librairie Atmosphère s’étend sur pratiquement dix mètres. Sa grande vitrine donne l’occasion aux passants d’avoir une bonne vue sur la grande diversité des produits proposés et sur la profondeur du point de vente. Une fois passé la porte, un véritable univers s’ouvre à vous : sur votre droite de la carterie et une pièce uniquement dédiée à la papeterie ; sur votre gauche des présentoirs de bics, stylos, marqueurs et autres fluos ; en face de vous des rayonnages de presse et de livres à n’en plus finir… sans oublier la pièce du fond remplie de bandes dessinées. Bienvenue chez Christian LEVRIE, Président de la région de Namur pour Prodipresse et libraire/presse depuis presque vingt ans dans la région.
Bonjour Christian, quand avez-vous commencé votre parcours de libraire/presse ?
Christian LEVRIE : Bonjour Colin, j’ai commencé comme libraire/presse il y a presque dix-sept ans. J’ai commencé par tenir un magasin à Gilly pendant deux ans et demi. Je vivais alors à Tamines et je savais qu’il y avait une librairie/presse tenue par deux sœurs qui fermait systématiquement quand elles partaient toutes les deux en vacances. Je trouvais cela dommage, car elles perdaient une partie de leur clientèle à ce moment-là. J’ai fi ni par reprendre ce point de vente étant donné qu’il avait un beau potentiel. J’y suis resté neuf ans, avant d’acheter ce bâtiment-ci dans lequel j’ai ma librairie/presse actuellement. Le 1er avril, cela a fait quatre ans que je suis ici.
Je tiens la librairie/presse avec ma femme, Patricia, et notre fils vient nous donner des coups de main assez souvent.
Quand on entre dans votre librairie/presse, on est frappé par sa taille (environ 250 m²), on imagine que cela a dû jouer dans votre décision d’acheter le bâtiment ?
Christian LEVRIE : Dire le contraire serait mentir. C’est agréable de pouvoir bénéficier d’autant d’espace pour développer ses gammes de produits. En plus du rez-de-chaussée, nous bénéficions aussi d’un étage lui aussi d’une belle superficie. Le tout est de trouver comment l’occuper !
En revanche, mon point de vente a un gros problème : le manque de possibilités de stationnement. Au départ, quand j’ai acheté le commerce, le Bourgmestre avait donné son accord pour se garer devant, mais maintenant mes clients ont des amendes quand ils le font. Et évidemment, personne à la commune ne répond quand nous les interpellons pour le stationnement temporaire…
Vous parliez de vos produits, quels sont ceux que vous proposez ? Avez-vous développé des produits spécifiques en fonction de votre clientèle ?
Christian LEVRIE : La grande taille de mon point de vente me permet en effet de proposer pas mal de produits différents. Outre la presse, le tabac et le jeu, nous avons un grand espace alloué à la papeterie. Nous avons beaucoup travaillé ce produit donc nous avons une gamme assez fournie : classeurs, fardes, cahiers, blocs de feuilles, bics, marqueurs, stylos, etc. Bon, nous nous limitons quand même en papeterie aujourd’hui à cause de la concurrence. Nous avons aussi fait le choix de ne plus vendre de produits « licences », car cela ne rapporte pas beaucoup et il nous en reste toujours sur les bras. Nous avons également une grande offre en livres et en bandes dessinées. Nous travaillons avec plusieurs écoles, dont le Collège Saint-André situé plus loin, en livres scolaires et livres de lecture.
Cela nous permet d’avoir pas mal de livres différents dans nos rayons. Parmi les autres produits, nous avons aussi des Guides du Routard et des cartes Michelin. Nous sommes point poste et recevons les colis UPS. D’ailleurs le point poste permet de drainer pas mal de passage dans le point de vente.
Au niveau des paris sportifs, nous mettons deux bornes à la disposition de nos clients. Je dois bien avouer que nous n’avons pas de gros parieurs et que la clientèle n’est pas toujours terrible, mais nous avons certains habitués.
Il y a aussi le tabac évidemment ! Avant de déménager dans ce point de vente, nous en vendions beaucoup plus, car nous étions sur le chemin de la gare. Quand nous avons changé d’endroit, nous avons diminué en cigarettes. De façon générale, je dirai que la clientèle a un peu changé avec le changement de lieu.
Terminons avec l’alcool fort. Nous nous sommes lancés dans la vente de ce produit en janvier 2017. Il y avait un commerce plus bas dans la rue qui en vendait et lorsqu’il a fermé, nous avons été mis en contact avec le fournisseur pour récupérer la marchandise.
Ce sont surtout des produits qui ne sont pas présents dans les grandes surfaces (rhum et whisky principalement). Quant à la deuxième partie de la question, les produits que nous vendons n’ont pas été demandés spécialement par la clientèle. Il s’agit principalement d’envies personnelles.
Vous êtes affilié à Prodipresse, mais également président de la Province de Namur. Que pensez-vous de cette organisation ?
Christian LEVRIE : Mon avis ne sera pas totalement objectif ! Cela fait longtemps que je suis impliqué chez Prodipresse. D’abord comme membre du bureau, puis comme président régional. Je ne vais donc pas vous surprendre en vous disant que pour moi, une organisation professionnelle comme Prodipresse, qui défend le secteur et le représente est très importante.
Dans la rubrique Vue des régions du dernier magazine, je parlais du prix unique du livre et de tout le travail qu’il y avait eu derrière ce projet qui a duré plus de trente ans. Je pense que Prodipresse joue un grand rôle à long terme dans bon nombre de projets importants qui touchent le réseau des libraires/presse. À court terme, cela peut être frustrant pour certains qui ont l’impression que les choses n’avancent pas, mais en coulisses, la machine Prodipresse ne s’arrête jamais tant que ces projets n’ont pas aboutis. Et pour cela, je tire mon chapeau à l’équipe !
En tant que président de la Province de Namur, je relaie les problèmes constatés sur le terrain ainsi que les retours positifs des collègues namurois lors de chaque Conseil d’administration avec les autres présidents de Prodipresse. Ce rôle de relais est également très important pour continuer d’avancer en ayant conscience de la réalité de terrain.
Comment décririez-vous la situation du réseau des libraires/presse dans la Province de Namur ?
Christian LEVRIE : Ce qui me frappe surtout, notamment dans mon coin, c’est le nombre de magasins types « Sun Set » et « Night & Day ». Concrètement, dès qu’un ouvre quelque part, le second le fait aussi pour le concurrencer.
Comme si cela ne suffisait pas d’avoir un « concurrent » direct près de votre librairie. C’est mon cas avec un point de vente « Sun Set » plus bas dans ma rue et un « Night & Day » un peu plus haut.
Sinon, je dirais que comme partout ailleurs, la situation de chaque point de vente dépend des autres commerces similaires dans la région. Chez moi, par exemple, ma vente de produits de la Loterie nationale a augmenté à la suite de la fermeture de trois points de vente dans les environs. Cependant, j’ai perdu en presse, notamment sur le Ciné Télé Revue, quand le magasin Champion l’a eu. Maintenant, le petit Carrefour du coin l’a aussi donc je pense que je vais encore perdre un peu en volume. Malheureusement, c’est le cas pour les libraires/presse un peu partout.
Avez-vous des projets futurs pour votre librairie/presse ?
Christian LEVRIE : On a toujours des projets ! Reste à voir lesquels seront réalisables et sur quelle durée. Dans l’immédiat, nous aimerions créer des événements pour promotionner l’alcool que nous vendons. J’imaginais par exemple une dégustation d’ici juin, avant la fête des Pères.
J’envisage aussi de vendre des cigares, car c’est une envie que j’ai depuis longtemps. Ma femme a toujours freiné, mais je pense qu’elle est en train de changer d’avis !
Finalement, nous aimerions trouver une bonne idée pour occuper l’étage de la librairie/presse. Pour le moment, c’est un ami qui vend des costumes qui a ses produits disposés à l’étage. Ce qui est plutôt positif, car cela attire du monde tous les jours. De temps en temps, il y a des gens qui achètent aussi des articles chez moi. Quant à la future occupation de l’étage, nous avons un peu réfléchi avec mon épouse et elle pensait à y installer des boutiques éphémères. Le tout serait de savoir comment annoncer efficacement leur présence. Mais tout cela est encore en cours de réflexion…
Comment voyez-vous l’avenir du réseau des libraires/presse ?
Christian LEVRIE : Comme beaucoup d’autres de mes collègues, je pense que les petits points de vente vont finir par disparaître. Les libraires/presse qui louent le bâtiment dans lequel se trouve leur commerce risquent aussi d’être coincés au bout d’un moment. Parfois, ils ont un gros loyer et il n’y a pas de possibilité d’extension de leur magasin. Ils sont vite limités.
Dans notre librairie/presse, si nous tenons le coup c’est avant tout parce que nous nous sommes diversifiés. Au bout d’un moment, vous êtes obligés de proposer et de vendre des produits avec plus de marge que la presse voire le tabac. Nous avons également la chance d’avoir une grosse clientèle en papeterie et des écoles dans les environs que nous fournissons en livres.