Zoom libraire

 26/03/2019

Dans la grande vitrine de la Librairie de l’Eau Noire à Viroinval siège un fauteuil accompagné de plusieurs présentoirs de livres. On s’attendrait presque à voir un client s’installer dans ce petit coin cosy avec un bon roman. Depuis décembre, Laetitia Jacques a repris ce commerce avec l’aide de son mari. Et si ce sont ses premiers pas dans le métier de libraire/presse, elle n’est pas pour autant une inconnue pour les clients de son point de vente. Rencontre avec une « petite nouvelle » dans le monde de la presse !

 

Bonjour Laetitia, pourquoi êtes-vous devenue libraire/ presse ?

Laetitia Jacques : Bonjour Colin ! En fait, la décision a été prise en 2018. Nous étions clients de cette librairie/presse alors tenue par Monsieur Rachart.

Un jour, mon mari discutait avec lui et il a appris qu’il souhaitait remettre son commerce dans un futur proche, ou en tout cas d’ici deux ans maximum.

De mon côté, je venais d’enchaîner deux boulots et quand mon mari m’a parlé de cette opportunité, nous y avons sérieusement réfléchi. Bien sûr, nous avons pris le temps de consulter les bilans, de voir un peu les produits qu’il vendait, etc.

 

Savez-vous pourquoi il souhaitait arrêter son commerce ?

Laetitia Jacques : Il n’a pas eu de chance, car il a connu trois mois de travaux dans le centre-ville. La rue a été ouverte à plusieurs endroits, voire fermée totalement et il n’y avait plus non plus moyen de se garer devant le commerce pendant tout un moment.

En plus de cela, il nous a confié qu’il n’aimait pas rester trop longtemps à la même place.

Ce sont les deux grosses raisons qui l’ont décidé à remettre son commerce. Mais le bâtiment lui appartient et il vit toujours juste au-dessus de la librairie/presse.

 

Pour vous, ce métier de libraire/presse c’était l’occasion de rester dans le village…

Laetitia Jacques : Tout à fait ! J’ai travaillé quelque temps dans la boulangerie juste à côté, donc les gens du quartier me connaissent déjà un peu.

En plus de cela, j’ai commencé par suivre une formation durant deux mois dans la librairie/presse. C’était l’occasion de me familiariser avec le fonctionnement de la presse, les clients, la gestion des stocks, etc.

C’est évidemment une préparation indispensable avant de reprendre un tel commerce. Surtout quand vous voyez qu’il y a des fournisseurs différents pour la confiserie, les paris sportifs, la presse ou encore la papeterie.

 

Est-ce que la réalité du métier correspond avec ce que vous attendiez ?

Laetitia Jacques : Je pense que vous pouvez faire toutes les formations que vous voulez et vous renseigner autant que possible, vous n’êtes jamais totalement prête quand vous devez reprendre un commerce seule.

Lors de la reprise concrète, c’est beaucoup de stress, car il faut attraper le rythme et s’y faire. Maintenant c’est aussi une question d’habitude. Cela fait désormais un mois et demi que j’ai repris (ndlr : au moment de l’interview) et j’ai trouvé mes marques. Mais il y a encore des choses que j’apprends et cela sera sûrement encore le cas pendant un petit temps.

 

Avez-vous lancé des produits particuliers depuis que vous avez repris votre librairie/ presse ?

Laetitia Jacques : Non, à l’heure actuelle nous n’avons pas encore eu le temps de développer certains produits. Nous avons repris tout le stock précédent et allons devoir faire un peu de tri.

Dans un premier temps, nous allons surtout analyser quels produits fonctionnent bien et lesquels ne marchent pas ou pas bien. Quand nous avons repris la librairie/presse, mon mari était un peu sceptique par rapport à la grande quantité d’articles de papeterie. Mais au final, nous avons pu nous apercevoir que c’était un produit qui tournait vraiment bien et au vu des marges, c’est une très bonne nouvelle.

À propos de la papeterie, nous soupçonnions quelques vols donc nous avons décidé de réorganiser un peu la disposition du magasin en mettant les bornes de paris sportifs dans le fond et en ramenant une partie de la papeterie en face du comptoir. Nous avons aussi déplacé les e-cigarettes pour les mettre dans un lieu plus sécurisé à notre sens.

Dans les semaines à venir, nous allons vraiment prendre le temps de voir ce que chaque produit nous rapporte par rapport à ce qu’il coûte et le passage qu’il draine dans la librairie/presse. Par exemple nous avons les colis UPS, mais une grosse majorité des clients de ce produit n’achètent rien d’autre. Ils entrent, vont directement au comptoir pour prendre leur colis puis ressortent du magasin. Nous attendons un peu de voir si cela change, mais la situation actuelle pour ce service n’est pas terrible.

 

Quels sont vos grands projets pour le futur de votre magasin ?

Laetitia Jacques : Il y a tout d’abord des projets de développer certaines marchandises que nous ne proposons pas encore aujourd’hui.

Dans un futur proche, nous aimerions proposer des petites écharpes, des foulards ou encore des bijoux. Au milieu de la librairie/ presse, nous avons un présentoir avec des articles cadeaux dont certains sont là depuis plusieurs mois, voire plusieurs années ! C’est de l’espace gâché à notre sens, donc nous prévoyons de remplacer la marchandise pour avoir quelque chose de plus attractif.

D’un autre côté, nous avons un projet un peu plus gros et qui va bientôt se réaliser à propos des paris sportifs. Nous avons donc trois bornes dans le fond du magasin et nous prévoyons d’ouvrir à l’arrière du commerce, car nous avons des fenêtres dans le mur qui sont actuellement cachées derrière les étagères.

L’idée sera d’avoir un coin paris sportif avec une machine à café et un mange debout. Ils permettront aux joueurs de parier tranquillement dans leur coin, sans pour autant gêner le passage des autres clients dans le commerce. L’idée du café date de l’époque à laquelle je travaillais dans la boulangerie. On m’avait alors demandé si nous vendions du café à emporter. Pour le moment, aucun des commerçants à proximité de notre librairie/presse n’en vend, donc ce produit pourrait être une très bonne idée.

Et puisque nous parlions de colis un peu plus tôt, plusieurs de nos clients nous ont déjà demandé si nous allions ouvrir un point poste. Actuellement, il en existe un à quelques kilomètres de notre commerce, mais il n’est ouvert que de 14h15 à 17h certains jours de la semaine. Donc pour les gens qui travaillent, c’est impossible de s’y rendre.

Nous y réfléchissons donc, mais il faut voir s’il serait rentable et surtout si nous parviendrons à avoir l’autorisation de bpost pour l’ouvrir.

Enfin, nous sommes dans une région avec pas mal de touristes. C’est notamment pour cela que nous proposons des cartes Michelin ou avec les sentiers de randonnée. Je pense qu’il y a là un certain potentiel de produits à développer. Donc comme vous le voyez, la librairie/presse va pas mal bouger pendant un certain temps !

 

Dès que vous avez repris la librairie/presse, vous êtes devenue membre chez Prodipresse, pourquoi ce choix ?

Laetitia Jacques : Pour être tout à fait honnête, c’est le libraire/presse précédent qui nous a parlé de Prodipresse en disant qu’il avait été membre et que cette organisation pourrait nous aider, notamment au début si nous avions des questions.

Nous avons donc décidé de cotiser et David est déjà venu à plusieurs reprises dans notre point de vente pour voir si tout se passait bien, ainsi que pour nous aider. Il y a des choses que nous savons régler nous-mêmes, c’est vraiment important de savoir que vous pouvez compter sur de l’aide en cas de besoin.

 

Conseilleriez-vous à vos collègues d’aller sur le groupe Facebook « Prodipresse Pro » ?

Laetitia Jacques : Sans hésiter ! Je n’ai pas tout de suite eu le réflexe de m’inscrire dessus, mais depuis que j’ai fait la demande pour le rejoindre, je comprends totalement l’intérêt d’être dessus.

Au quotidien, cela représente un gain de temps réel. Par exemple lorsque l’on cherche un visuel de revue à renvoyer avec les invendus, ou lorsque l’on a une question à poser sur tel produit, telle législation, tel contact de représentant.

C’est toujours très chouette de voir des autres libraires/presse prendre le temps de vous répondre et de vous aider alors qu’ils ne vous connaissent pas au départ.

 

Avez-vous une petite anecdote pour conclure ?

Laetitia Jacques : Au début, lorsque j’étais en apprentissage dans la librairie/ presse et que l’ancien propriétaire me présentait, un client est venu me voir et m’a demandé très sérieusement : « Mais vous avez fait vos études en librairie au moins ? »

Sur le coup cela m’a fait rire et j’ai pris le temps de lui expliquer qu’il n’y avait pas « d’étude de libraire ». En tout cas, pas à l’heure actuelle !

 

Zoom libraire réalisé par Colin Charlier pour le Prodipresse Magazine n°85 (Janvier/Février 2019).