

Zoom libraire
11/07/2019
Au début du mois de mai, la librairie/presse Le Manuscrit a rouvert ses portes après cinq jours de travaux à la suite de la reprise du magasin. Un changement de propriétaire qui n’a pas vraiment dépaysé les clients habitués, puisque les nouveaux libraires/presse ne sont autres que Laurence, la fille des propriétaires précédents et son mari Nicolas.
Et s’ils ont gardé tout ce qui faisait le succès de la librairie/presse, ils sont également arrivés avec leurs idées et améliorations, dont un plus fort ancrage local via la vente de produits de la région.
Bonjour Nicolas, quelle est l’histoire de votre librairie/ presse ?
Nicolas : Bonjour Colin. Les origines de ce magasin remontent à une petite trentaine d’années. À ce moment-là, c’était un petit magasin comme une épicerie. Il a ensuite été transformé en un magasin de vêtements quelques mois seulement avant de devenir une librairie/ presse il y a une vingtaine d’années.
Depuis 2006, les parents de mon épouse tenaient ce commerce et il nous arrivait de leur donner un coup de main, notamment quand ils partaient en vacances. Nous nous occupions alors de la gestion du commerce. Finalement, ils ont commencé à parler de remettre la librairie/presse, car ils avaient tout doucement envie de raccrocher. Nous en avons discuté entre nous avec mon épouse et nous nous sommes dit que nous étions partants ! Ce n’était pas trop prévu à la base, mais cela nous a semblé être la bonne chose à faire et nous en avions envie.
Vous venez de rouvrir après quelques jours de travaux. Quels changements avez-vous apportés ?
Nicolas : Premièrement, nous avons tout repeint à l’intérieur et les châssis à l’extérieur. Nous avons changé le comptoir de place afin d’améliorer la disposition de notre librairie/presse et nous avons remplacé tout le mobilier.
Pour le comptoir, nous l’avons récupéré et retapé, mais pour le reste des meubles en bois, nous sommes passé par une entreprise qui les confectionne à partir palettes « usagées » et qui met des personnes au chômage au travail. Nous trouvons que ça correspondait bien à ce que nous voulions pour notre commerce au niveau du visuel et aussi au niveau des valeurs que nous désirons véhiculer. Avec la nouvelle disposition du magasin, l’espace est agrandi et nous avons donc plus de place pour les articles et produits que nous proposons.
Au niveau de la signalétique de notre point de vente, nous avons également fait écrire le nom (Le Manuscrit, une librairie de proximité) des deux côtés de la vitrine. C’est quelque chose qu’il n’y avait pas avant et que nous trouvions qu’il manquait.
C’est toujours chouette d’entendre les premières réactions positives des clients lorsqu’ils redécouvrent le magasin. Cela nous a demandé pas mal de travail, mais nous sommes très heureux du rendu final !
Cette réouverture s’est accompagnée d’un grand concours…
Nicolas : Au départ, nous avions comme idée d’organiser un concours avec des places à gagner pour le parc animalier Pairi Daiza. Nous les avons donc contactés, mais ils n’étaient pas très chauds pour faire un concours qui dure plus d’une semaine, or nous étions partis sur une durée d’un mois.
Nous nous sommes alors tournés vers les commerces locaux voisins qui ont tout de suite accepté de nous accompagner dans ce concours pour la réouverture de notre magasin. Durant un mois, tous les clients de notre librairie/presse avaient la possibilité de remplir un formulaire de participation afin de gagner des bons de 50 euros dans quatre commerces locaux. À savoir : le restaurant La Ferme Rose, l’épicerie Au Petit Poids, l’institut de beauté Ambiente et P. & A. Gelin Vins. Toutes les semaines, nous tirions au sort un formulaire, ce qui a donné quatre grands gagnants. Cette idée de concours était vraiment importante pour nous, car elle permettait de marquer le coup lors de la réouverture et aussi de faire (peut-être) découvrir les autres commerces locaux à nos clients qui n’y avaient jamais mis les pieds. L’avantage, c’est que nos partenaires pour ce concours en ont eux aussi fait la publicité et ont parlé de nous. Tout le monde en ressort donc gagnant !
"Développer une étagère avec une étagère de produits locaux"
Avez-vous également développé de nouveaux produits à la suite de cette reprise ?
Nicolas : Comme toute personne qui reprend un commerce, nous avions déjà réfléchi à quelques pistes en amont, afin de ne pas tout décider à la dernière minute.
Dès l’instant où nous avions pris notre décision, nous avons commencé à demander aux clients s’il y avait des produits qu’ils souhaiteraient trouver dans notre librairie/presse. Que ce soit des nouveaux articles, ou des choses qui étaient vendues avant, mais qui ne l’étaient plus aujourd’hui. Après, on a fait le tri dans toutes ces idées. Faire plaisir à ses clients est important, mais on ne va pas lancer toute une procédure de commande, de contact de fournisseurs, etc. juste, car deux clients veulent un produit en particulier. C’est suite aux demandes du genre que nous avons par exemple recommencé à vendre des piles. Avec mon épouse, notre grande envie était de redévelopper le livre dans notre magasin. Il y en avait toujours eu un peu, mais nous trouvons que c’est un produit intéressant et nous pensions que notre clientèle pouvait bien y accrocher. Nous travaillons notamment avec une société qui publie des livres du Brabant wallon (écrit par un auteur de la région, parlant de la région, etc.). Ce choix nous permet aussi de mettre notre ancrage local en avant. Nous avons fait pas mal de publicité autour du fait que nous avions une belle offre en livres. Pour l’instant, cela fonctionne plutôt bien et nous avons pas mal de commandes de livres.
Au niveau des réservations, nous avons aussi voulu mettre les bouchées doubles. Nous pensons que c’est un réel plus pour nos clients. En plus, comme tout est préparé, quand on voit, par la vitrine, un client habitué arriver, on peut lui sortir sa commande. Un autre grand projet que nous avons avec mon épouse, et que j’ai déjà un peu évoqué, c’est de développer une offre de produits plus sains et locaux. Forcément, si vous vendez des boissons et des confiseries, vous devez avoir les grandes marques et les « classiques », mais nous incorporons petit à petit des produits meilleurs pour la santé. C’est une volonté que nous avions et qui correspond à comment nous voyons l’avenir de notre commerce également.
De l’autre côté, nous avons des produits qui ne nous intéressent pas du tout. Par exemple ceux de la poste, nous n’avons pas la place pour des colis et cela ne nous semble pas en adéquation avec notre commerce, du moins actuellement.
Il en va de même pour les paris sportifs qui ne nous intéressent pas pour le moment, car nous avons déjà suffisamment de produits. Et puis cela veut dire qu’il faudrait trouver de la place pour au moins une borne dans le magasin.
Dernier changement que nous avons voulu, c’est être présents sur les réseaux sociaux et plus particulièrement sur Facebook. Nous avons lancé une page du magasin lorsque mes beaux-parents tenaient encore la librairie/presse. Comme nous sommes affiliés à l’UCM, nous avons pu profiter de leurs conseils avant de nous lancer sur internet. Ce fut notamment super utile pendant notre concours, car nous avons pu identifier les différents magasins partenaires.
Au début, nous voulions un site internet et nous avions demandé une remise de prix. Mais au vu du montant demandé qui était de plusieurs milliers d’euros, nous avons fait le choix des réseaux sociaux. Surtout quand vous savez qu’il est assez difficile de quantifier le réel retour sur investissement d’un site internet.
Quelles sont vos premières impressions en tant que nouveaux libraires/presse ?
Laurence : Sincèrement, nous sommes étonnés par tout ce qu’il y a à faire ! Mes parents avaient toujours l’air cools et zens. Alors que nous, nous courons un peu partout. Vous avez toujours quelque chose à faire en magasin comme enlever les titres rappelés, ranger les nouveautés, remettre des produits en place, ou en réserve au niveau du stock. On ne s’arrête jamais. Mais bon, comme c’est un métier qu’on aime, c’est plus facile et le contact avec les clients est un véritable moteur.
Nicolas : En plus d’être libraires/ presse et parents, nous avons tous les deux gardé nos emplois sur le côté. Ma femme travaille encore un peu comme indépendante pour son ancien patron et de mon côté je suis échevin à Braine-le- Château. Nous n’avons pas le temps de nous ennuyer !
Quels sont vos projets pour votre magasin dans le futur ?
Nicolas : Notre ligne directrice va vraiment être d’essayer d’avoir des produits de plus en plus sains. Comme je l’ai expliqué précédemment, nous n’allons pas virer ce qui marche bien, mais surtout développer une étagère avec une étagère de produits locaux (gaufres, vins, bières) en collaboration avec les magasins locaux.
Le prochain changement sera d’avoir un vrai système de caisse avec un scan, ce qui devrait nous faciliter grandement la gestion des stocks.
Finalement, nous allons regarder pour engager un(e) étudiant(e) pour nous donner un coup de main dans le futur.
Comment voyez-vous le futur du réseau ?
Nicolas : Sans surprise, je pense que la proportion de la presse va diminuer, comme nous l’observons ces dernières années, mais que le reste de nos produits va continuer à exister. Bien sûr, il y aura encore des hauts et des bas. Regardez la cigarette qui reste un de nos piliers, mais qui est aujourd’hui plus un produit d’appel et que vous ne pouvez pas vivre uniquement grâce à ce que cela vous rapporte.
S’il faut retenir une seule chose par rapport à l’avenir, c’est qu’il faut se diversifier.
Zoom libraire réalisé par Colin Charlier pour le Prodipresse Magazine n°88 (Juin/Juillet 2019).