

Zoom libraire
28/02/2020
Après un peu moins de six mois passés dans un container alors que le bâtiment abritant sa librairie/presse était rénové de A à Z, Frédéric Mossiat a pu réintégrer son emplacement d’origine en novembre dernier. La surface a désormais doublé, passant de 45 à 98 m² et de nouveaux produits font régulièrement leur arrivée, sans oublier la grande vitrine dégagée qui invite lumière et clients à entrer. Mais Frédéric ne compte pas s’arrêter là et a l’intention d’exploiter toutes les opportunités que lui offre sa librairie/presse !
Container temporaire pour un agrandissement spectaculaire
Jeudi 30 janvier, malgré une mauvaise volonté flagrante de mon GPS qui a décidé qu’il préférait m’envoyer Rue de la Clef à Retinne plutôt qu’à celle d’Herve, je finis par arriver à la Librairie du Rond Point, située… en bordure d’un rond-point !
À l’intérieur du magasin, Frédéric et André (un client pensionné qui vient lui donner un coup de main à l’occasion, comme quand son employé est malade en ce début d’année) sont au poste : « Tu sais que tu peux faire un seul aller-retour jusqu’aux frigos en mettant toute la marchandise sur le chariot roulant ? » lance Frédéric à son collègue du jour.
« Je suis très heureux que tu te préoccupes de ma santé ! » lui répond ce dernier en riant, « mais ne t’inquiète pas, l’exercice c’est bon pour moi ! »
C’est dans cette ambiance bon enfant que les clients entrent, jouent, achètent, parlent et repartent dans cette librairie/ presse d’un peu moins de 100 m² depuis le 7 novembre 2019.
« La propriétaire du bâtiment est venue nous trouver pour nous annoncer qu’elle allait rénover l’entièreté du centre commercial (ndlr : la librairie/presse est située dans un bâtiment abritant plusieurs commerces ayant tous pignon sur rue) et qu’elle allait mettre à ma disposition un container pour que je puisse continuer mon activité durant les travaux », me raconte Frédéric.
« Les travaux allaient durer environ cinq mois et mon « local temporaire » était plus petit que ma librairie/presse. Je passais de 45 m² à 36 m². La différence peut ne pas sembler énorme sur papier, mais dans la réalité des faits, j’ai dû faire un choix et réduire la quantité de produits que je proposais. »
Une période temporaire de presque six mois qui n’aura pas été facile. « Alors que j’étais situé à cent mètres de ma librairie/presse actuelle, j’avais moins de clients et, forcément, cela s’est ressenti sur mon chiffre d’affaires. Je pense que le seul mois lors duquel j’ai atteint mon chiffre habituel était celui de septembre avec la cagnotte de l’EuroMillions qui avait atteint son plafond de 190 millions d’euros. Comme quoi, l’emplacement reste un critère important pour votre magasin, même à quelques mètres près ! »
Mais des coups durs, Frédéric en a connu et ils font aujourd’hui sa force. « À la base, je viens du milieu de la restauration. Un jour, j’ai été victime d’un accident de la route suite auquel on a dû m’amputer une partie de la jambe. Difficile de retrouver du boulot après ça, se souvient-il, donc j’ai commencé à chercher des librairies/presse à remettre. Mais dans les premières sur lesquelles je suis tombé, il fallait rénover énormément et cela demandait directement un gros investissement de temps et d’argent.
Finalement, j’ai trouvé celle-ci il y a six ans et demi que j’ai rachetée à quelqu’un qui avait déjà deux autres commerces du même type. »
Quelques années et une rénovation plus tard, sa librairie/presse est rebâtie, mais le mobilier reste le même. « J’ai repris les meubles de mon ancien magasin et j’ai dû racheter trois mètres de linéaire presse, m’explique-t-il, le comptoir c’est également celui que j’avais avant, mais je l’ai intégré dans une structure en bois que j’ai construite moi-même. J’ai aussi installé les luminaires, car je trouvais important d’éclairer son magasin comme on le désire et en fonction des produits à mettre en valeur.
Au final, nous avons fermé entre le 26 et le 30 mai pour déménager dans le container, puis rebelote du 31 octobre au 7 novembre pour la réouverture officielle dans nos nouvelles installations. J’avais bien évidemment prévu trois jours spéciaux avec des drinks et des cadeaux. »
Une multitude de possibilités
Dans ce nouvel espace, Frédéric peut proposer une multitude de produits et services : bornes de paris sportifs installées à l’écart pour le confort des joueurs, machine à cafés, articles cadeaux, confiserie, carterie ou encore la papeterie, dernière arrivée dans la liste.
« L’idée était de tirer parti de la surface que j’ai désormais pour élargir ma gamme de produits, tout en restant fidèle à notre cœur de métier. J’en ai donc aussi profité pour ré-étoffer mon offre de magazines, car je reste un libraire/presse avant tout. Ce fut un choix gagnant puisque j’ai des clients qui viennent des villes et villages voisins, car ils savent qu’ici ils trouveront la revue qu’ils cherchent et qu’ils ne trouvent pas près de chez eux !
J’aime bien mettre les nouveautés du jour en valeur sur une planche directement en face des clients quand ils rentrent. Ainsi, cela leur permet de découvrir de nouveaux titres à côté desquels ils passeraient.
Au niveau des autres services, je suis point Mondial Relay et j’ai environ mille colis par mois. Heureusement, j’ai une grande réserve dans laquelle je peux tout stocker. Je dirai que huit clients sur dix qui viennent récupérer un colis Mondial Relay achètent un produit dans ma librairie/ presse, donc c’est un bon investissement. »
Et ce n’est d’ailleurs pas le seul… « C’est un peu pareil avec les bijoux. Un client n’entre pas dans mon commerce pour en acheter un, il vient pour autre chose et il repart avec un bijou. Ce sont des produits intéressants à avoir si l’on a la clientèle qui s’y prête. Après, chacun son métier, je ne suis pas une bijouterie donc vous ne trouverez pas chez moi des pièces de grands bijoutiers. Ce n’est pas le but.
J’ai pas mal développé mon offre de livres, continue Frédéric, ils sont disposés sur deux grandes bobines de câble en bois. C’est un display qui sort un peu de l’ordinaire des linéaires ou des armoires et cela permet vraiment de mettre le produit en valeur.
Et puis le gros avantage, comme vous pouvez le voir, c’est que j’ai encore de la place pour ajouter d’autres services. Il serait impensable de ne pas en profiter. Maintenant, trop surcharger n’est pas bénéfique non plus.
Actuellement, j’ai des clients qui se déplacent en fauteuil roulant et la rampe devant ma librairie/presse combinée à l’espace que j’ai entre mon mobilier leur permet de venir sans aucun souci.
D’ailleurs, les meubles restent faciles à bouger et je peux adapter un peu près tout dans ma librairie/presse. »
L’idée était de tirer parti de la surface que j’ai désormais pour élargir ma gamme de produits, tout en restant fidèle à notre cœur de métier.
Mezzanine et diversification
« Et puisque l’on parle de futurs projets, j’aimerais continuer à étendre mon offre de papeterie et me diversifier davantage dans les cigares et le vin. Je devrai d’ailleurs bientôt avoir un nouvel humidor (ndlr : cave à cigare en français – boîte à humidité contrôlée utilisée pour entreposer des cigares).
Concernant le vin, j’organise actuellement des dégustations de vin avec des marchands environ six fois par an dans la librairie/presse. Quand il fait beau, il me suffit de sortir la tonnelle devant le commerce et dans le cas contraire, rien de plus simple que de déplacer les meubles sur roulettes et je bénéficie d’un espace au sein même de mon magasin.
Et puis pourquoi pas développer également le livre en construisant une mezzanine avec un coin lecture ? À nouveau, cela me permettrait d’exploiter toutes les spécificités de mon local commercial avec sa belle hauteur sous plafond.
Je vais bientôt avoir une exposition d’un artiste local qui peint sur du verre et qui a loué l’espace de mes murs. Vous l’aurez compris, plusieurs domaines peuvent se développer et, évidemment, cela représente des investissements à des degrés divers.»
Choyer ses clients
Frédéric continue : « Une des forces de la situation de ma librairie/presse, c’est clairement son emplacement. Le Point Chaud juste à côté me ramène pas mal de clients en début de journée. Pareil pour la centrale de repassage qui va bientôt ouvrir dans une nouvelle cellule commerciale.
Sans oublier la page Facebook ! L’air de rien, c’est important, car les gens sont attirés en magasin suite aux publications de la librairie/presse. C’est mon épouse qui se charge de l’alimenter et nous l’utilisons beaucoup : nouvelles publications du jour, dicton du jour, anniversaires des clients avec un message personnalisé, les gains des jeux de hasard, etc. L’idée c’est de toujours dynamiser votre information avec une petite phrase.
J’organise aussi de temps en temps des concours pour les clients avec des cadeaux à gagner. On en parle en magasin évidemment et sur la page Facebook aussi. Cela génère un bouche-à-oreille assez efficace.
Je m’arrange avec des commerces du coin pour faire leur publicité durant toute la durée du concours et en échange ils offrent un cadeau (menu pour deux personnes, bons d’achat, etc.). À nouveau ce sont des petits investissements qui agissent sur le long terme.
Ce mois de février, je vais relancer le concours « seconde chance ». Cette action fidélise les clients, mais il ne faut pas la faire trop souvent, car vous ne devez surtout pas tomber dans la routine. »
Pas de crainte de ce côté-là pour Frédéric, la tête pleine d’idées devant les nouvelles possibilités que lui offre désormais sa librairie/presse.
Zoom libraire réalisé par Colin Charlier pour le Prodipresse Magazine n°93 (Janvier/Février 2020)